Section de Boucau

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Réminiscences

 

Celui qui comme moi, est né dans cette ville, se souviendra…

  En ce temps là, je chantais…

Le plus beau de tous les villages du monde N’est pas celui où s’élève un grand château Des grands noms, vous pouvez faire la ronde C’est Boucau, qui est vraiment le plus beau. Son petit port, où dansent, amarrés, Les bateaux, au gré de la marée, Ses petits bars…  En ce temps là …, c'était en 1936, Boucau vivait avec plusieurs visages. Ceux de la fraternité, du front populaire, de la lutte ouvrière. Un quartier était particulièrement renommé, c’était « l'Aigassot » ou plus exactement, la petite « Espagne ». Il n'y avait aucun Durand, aucun Dupont qui vivaient là, mais beaucoup de Gonzalez,  Gimenez, Alvarez, Perez, Pulido, Garrido…Chaque jeudi, ensemble, les jeunes, foulard rouge autour du cou, se réunissaient, dans une pièce d'un vieil immeuble, face à l'ancienne douane. Malgré mon jeune âge, j'allais à toutes les manifestations, tenue par la main, où juchée sur des épaules protectrices. La rue Claudius Magnin, le quartier de la cité des forges, résonnaient de slogans,  « du travail et du pain ». Puis la guerre, avec son cortège de misères physiques et morales. Beaucoup d'hommes partirent, et les femmes prirent leur place à l'usine des Forges.   Chaque médaille a son revers. Pendant  que nous allions à la soupe populaire, d'autres s'enrichissaient avec le marché noir. Il y eut à Boucau des traîtres, des dénonciateurs, qui venaient chercher des hommes au milieu de la nuit, dans leur foyer. Des hommes, qui pensaient comme Dolores Ibarruri la Pasionaria : « il vaut mieux mourir debout, que vivre à genoux ». Il y eut les cartes de ravitaillement, les vraies et les fausses, le secours populaire. On mangeait des topinambours, et les grands fumeurs allaient à la pharmacie, acheter des herbes, faire des cigarettes pour assouvir leur passion.    En septembre 1938, nous eûmes un grand jour à célébrer. Celui de l'inauguration de la sale des fêtes,      l'Apollo. Magnifique bâtiment, où peintures murales, murs damassés, loges, nous laissaient mués d'admiration. Notre camarade Maurice Thorez, invité d'honneur, ne put venir, en  raison de grands et tristes évènements (c’était la non- intervention du gouvernement français, concernant la guerre d'Espagne).   Chaque jour qui renaît, en souliers ou en sandales / Je descends doucement vers la place à Boucau Le kiosque a disparu… Mais «  l’internationale » / Résonne dans mon cœur avec le flamenco. Les trains passent trop vite, et la gare est fermée / La cale silencieuse, fait danser les bateaux On ne voit plus sauter les dauphins que j’aimais / Heureusement… il y a les photos.   Celui qui, comme moi, est né dans cette ville, pense-t-il à ces hommes, qui ont tout donné, pour que la souffrance recule, pour que l’exploitation fasse place à une vie harmonieuse pour tous : André Moine, Jean Abbadie, Etienne Landaboure, Albert Mora, et les autres ?.        Par Albertine Velasco

 

Réminiscences

le 21 novembre 2011

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