Section de Boucau

Section de Boucau
Accueil
 
 
 
 

De l'abstention considérée comme un art de l'esquive

 

En ces temps électoraux où le citoyen-électeur est soumis à un déluge d’informations, déclarations, commentaires et sondages quotidiens dont la vacuité et la pertinence laissent songeur ou interloqué quiconque, normalement constitué, essaie de réfléchir et comprendre au-delà de l’écume médiatique. Celles et ceux qui ne sont pas frappés d’amnésie se souviennent que début 2008 le Parlement réuni en Congrès à Versailles avait voté la révision de la Constitution nécessaire à l’adoption du Traité de Lisbonne grâce au vote pour d’une minorité de parlementaires socialistes et surtout à l’abstention d’une majorité d’entre eux. Les parlementaires socialistes, à l’exception notoire de quelques députés et sénateurs qui ont voté contre, viennent de réitérer leur stratégie d’abstention pour le vote du Mécanisme Européen de Stabilité. A cette occasion Jean Marc Ayrault, Président du groupe socialiste à l’Assemblée a eu cette formule sidérante : « Notre abstention est dynamique, offensive. Le vote non aurait donné l'impression de ne rien décider ». C’est quoi une abstention dynamique, offensive ? on se perd en conjectures. Une actualisation de la fameuse expression normande p’tet’ ben qu’oui, p’tet ben qu’non ? Une sorte d’immobilisme actif ? comme le vélo d’appartement sur lequel on peut pédaler des heures sans avancer d’un mètre. Ou une agitation statique ? à l’image du quidam attendant son bus dans le froid en sautant sur place pour se réchauffer. Plus sérieusement, sans doute une façon de dire nous ne sommes pas contre mais nous ne pouvons pas voter pour (comme nos camarades sociaux démocrates européens), campagne électorale oblige. L’art de l’esquive que d’aucuns nomment hypocrisie. « Le vote non aurait donné l'impression de ne rien décider » . Parce que l’abstention donne l’impression d’avoir décidé quoi que ce soit ? Soyons sérieux. Le vote non aurait montré une opposition résolue et offensive à l’Europe libérale que va renforcer ce MES lié étroitement au prochain traité Merkozy ; un vote authentiquement de gauche.   Par Alain Daramy